La bière arrive en france au premier millénaire avant notre ère par le biais de nos voisins ibériques. A l’antiquité la cervoise se diffuse dans toute la Gaule grâce à l’expertise de ce peuple en tonnellerie. La bière est encore une fois liée aux cultes et son nom de cervoise provient de Cérès la déesse des moissons. Les druides gaulois expérimentent alors des recettes à l’aide de divers épices et Jules César lui même en viendra à qualifier la cervoise de “noble liqueur”
La fabrication de bière ne reste jamais loin des religions et avec la diffusion de la chrétienté ce sont désormais les moines qui s’adonnent au brassage. Le premier monastère fabriquant la cervoise date du VIè siècle. Le “Miracle de Champigneulles” raconte la transformation de l’eau en cervoise par Saint Arnould évêque de Metz. Sous Charlemagne le monopole du brassage de bière est donné aux moines. Les brasseries se développent sous l’impulsion des rois au Moyen-Âge, l’abbaye de Saint Denis possèderait même une houblonnière dès le IXè siècle.
Au XIIIè siècle Saint Louis accorde aux “cervoisiers” un statut en charge du contrôle de la qualité des ingrédients du brassage. Il va même jusqu’à autoriser la consommation de bière pendant la période de jeûne du Carême. Les confréries de brasseurs s’organisent dans le Nord de la France et leur Saint-Patron est Saint-Arnould. En 1435 le mot bière apparaît enfin et se distingue de la cervoise par la présence de houblon. De nombreux ouvrages apparaissent pour décrire l’art du brassage au XVIè et XVIIè siècle et un chapitre lui est même dédié dans L’Encyclopédie de Diderot-D’Alembert. En 1664 Jérôme Hatt crée sa brasserie à Strasbourg, cette date n’est pas anodine c’est bien la naissance de la future industrie Kronenbourg.
En France le brassage de la bière se professionnalise et de nombreuses découvertes françaises vont révolutionner le brassage. Dom Pérignon expérimente la fermentation en bouteille en saturant la bière en gaz carbonique par des apports en sucre. Chaptal travaille lui aussi sur l’augmentation de l’alcool dans les liquides lorsqu’on y ajoute du sucre. Pasteur travaille à la demande des frères Tourtel sur la fermentation haute. La France est pionnière aussi dans le marketing autour de la bière avec le début des sous bocks appelés alors soucoupes-éponges.
Avant la première Guerre Mondiale la France compte près de 2000 brasseries contre 1200 aujourd’hui malgré le renouveau des brasseries artisanales. Ce qui explique cette différence est l’abandon et la destruction de nombreuses brasseries pendant les guerres. Seules les grandes brasseries survivent et quelques grands groupes issus de fusions se développent comme Kronenbourg ou encore Heineken. Cependant le retour des brasseries artisanales s’amorce en 1985 depuis la Bretagne avec l’ouverture de la micro-brasserie Coreff. Aujourd’hui en France s’ouvrent des centaines de brasseries tous les ans et un retour à l’artisanal est plébiscité par les Français en opposition aux grandes industries de bières françaises.