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Durabilité dans la bière : innovations écologiques

L'industrie brassicole est en pleine expansion, portée par la popularité croissante des bières artisanales et la diversification des goûts des consommateurs. En 2023, le marché mondial de la bière représentait près de 600 milliards de dollars, avec une croissance annuelle estimée entre 4 % et 5 %. Cependant, cette expansion s'accompagne de défis environnementaux majeurs. La production de bière est une activité intensive en ressources : elle nécessite d'importantes quantités d'eau, d'énergie et de matières premières, tout en générant des déchets significatifs.

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quelles sont les problématiques ?

Face à des problématiques globales comme le changement climatique, la pénurie d’eau et l’épuisement des ressources, les consommateurs exigent de plus en plus des entreprises des pratiques écoresponsables. Une enquête récente montre que 81 % des consommateurs souhaitent que les entreprises réduisent leur impact environnemental. Cette tendance se reflète dans l’industrie de la bière, où les brasseurs doivent équilibrer tradition et innovation pour répondre à ces attentes tout en maintenant leur rentabilité.

Si la transition vers des pratiques durables peut représenter un défi, elle constitue également une opportunité. Adopter des procédés écologiques permet aux brasseurs de :

Réduire leurs coûts : en optimisant la consommation d’énergie et en valorisant les déchets, ils diminuent leurs dépenses.
Attirer de nouveaux consommateurs : la durabilité est devenue un argument marketing puissant, en particulier auprès des jeunes générations.
Renforcer leur image de marque : être perçu comme une entreprise engagée peut fidéliser la clientèle et ouvrir des opportunités de partenariats.

Voici les initiatives écologiques des brasseries :

Les brasseries, conscientes de leur impact environnemental, adoptent des pratiques innovantes et durables pour transformer leur processus de production. Ces initiatives concernent à la fois l’énergie, l’eau et la gestion des ressources, témoignant d’une prise de responsabilité croissante.

1. Transition vers les énergies renouvelables

L’une des initiatives les plus marquantes dans l’industrie est l’adoption d’énergies renouvelables pour alimenter les processus de production. En utilisant l’énergie solaire, éolienne ou géothermique, les brasseries réduisent leur empreinte carbone tout en réalisant des économies à long terme.

Panneaux solaires : Plusieurs brasseries, comme New Belgium Brewing aux États-Unis, ont installé des panneaux solaires sur leurs installations, couvrant une grande partie de leurs besoins énergétiques.

Énergie éolienne : Certaines brasseries, comme Sierra Nevada Brewing Co., combinent panneaux solaires et turbines éoliennes pour atteindre la neutralité carbone.

En plus de l’énergie propre, les brasseries modernisent leurs équipements pour limiter les pertes énergétiques. Les chaudières à haute efficacité, les systèmes de récupération de chaleur et l’automatisation des processus permettent d’optimiser la consommation.

2. Réduction de la consommation d'eau

La bière est composée en moyenne à 90 % d’eau, ce qui fait de sa gestion un enjeu crucial. Pour répondre à la demande tout en préservant cette ressource précieuse, les brasseries mettent en œuvre des technologies de pointe.

Recyclage des eaux usées : Des systèmes de traitement permettent de réutiliser l’eau dans les étapes de nettoyage ou de refroidissement. Par exemple, Heineken a mis en place des infrastructures permettant de réduire leur ratio d’eau utilisée par litre de bière produit à 3,2:1, contre une moyenne de 5:1 dans l’industrie.

Optimisation des processus : Certaines brasseries fermentent leurs bières à des températures spécifiques, limitant ainsi l’évaporation et la consommation d’eau.

Ces initiatives permettent non seulement de protéger les ressources naturelles, mais aussi de réduire les coûts de production à long terme.

3. Innovation dans la gestion des ressources

Les sous-produits du brassage, tels que les drêches, sont revalorisés pour limiter le gaspillage :

Alimentation animale : Une grande partie des drêches est redistribuée aux agriculteurs locaux pour nourrir le bétail. Cela crée un cycle vertueux entre l’agriculture et la brasserie.
Production de biogaz : Certaines brasseries, comme Carlsberg, utilisent les drêches pour produire du biogaz, qui sert ensuite à alimenter les chaudières de l’usine.

Les emballages représentent une part importante de l’empreinte écologique des brasseries. Pour réduire leur impact, elles adoptent :
– Des bouteilles en verre réutilisables ou consignées.
– Des canettes fabriquées à partir de matériaux recyclés.
– Des packagings en carton biodégradables pour remplacer les emballages plastiques.

4. Mesures collaboratives

Certaines brasseries collaborent pour mutualiser leurs efforts en matière de durabilité. Elles partagent leurs infrastructures de traitement des eaux ou cofinancent des installations énergétiques renouvelables. Ces partenariats, souvent encouragés par des ONG ou des gouvernements locaux, permettent une transition écologique à plus grande échelle.

Exemples concrets :

BrewDog, une brasserie écossaise, a atteint la neutralité carbone grâce à des investissements dans des forêts pour compenser ses émissions et l’installation d’une ferme éolienne.
Kirin Brewery au Japon réutilise le CO₂ capturé durant la fermentation pour carbonater ses bières, limitant ainsi ses émissions globales tout en économisant sur les coûts.

5. Cultivation durable du houblon et de l’orge

Les brasseries dépendent fortement du houblon et de l’orge, deux ingrédients essentiels à la production de bière. Ces cultures, souvent gourmandes en ressources, évoluent vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement :

Réduction des pesticides et engrais chimiques : Les agriculteurs adoptent des alternatives biologiques pour limiter l’impact sur les sols et les écosystèmes locaux.
Rotation des cultures : Cette méthode préserve la fertilité des sols et réduit la dépendance aux produits chimiques.
Cultures résistantes au changement climatique : Les recherches avancées permettent de développer des variétés d’orge et de houblon plus résistantes à la sécheresse et aux maladies.

Soutien aux agriculteurs

Certaines brasseries collaborent directement avec des producteurs pour les accompagner dans cette transition. Par exemple, Heineken finance des programmes d’agriculture durable au Mexique, formant des agriculteurs à l’usage d’irrigation goutte-à-goutte, réduisant ainsi leur consommation d’eau.

6. Technologies économes en énergie

L’optimisation des équipements est une priorité :

Cuves à basse consommation : Ces cuves chauffent et refroidissent plus efficacement, réduisant l’énergie nécessaire au brassage.
Récupération de chaleur : Les systèmes récupèrent la chaleur dégagée lors de certaines étapes (comme l’ébullition) pour alimenter d’autres parties du processus.

7. Certifications et labels écologiques

Les certifications environnementales permettent aux consommateurs de reconnaître les produits issus de pratiques durables. Parmi les plus fréquentes :

ISO 14001 : Standard international pour les systèmes de management environnemental.
B Corp : Une certification attestant d’un engagement social et environnemental global.
Label biologique : Garantit des matières premières cultivées sans pesticides ni engrais chimiques.

Les labels écologiques renforcent la confiance des consommateurs et influencent directement leurs décisions d’achat. Par exemple, une étude a révélé que 67 % des clients choisissent plus volontiers une bière avec un label durable ou bio.

Voici quelques exemples et témoignages :

Heineken France :
Heineken a réduit de 93 % les émissions de carbone de ses brasseries en France entre 2018 et 2022, en utilisant exclusivement du biogaz pour ses besoins en gaz. De plus, l’entreprise mise sur l’économie circulaire pour ses emballages, en réduisant leur poids et en augmentant la part de matières recyclées. Par exemple, 82 % de leurs produits destinés au secteur CHR (cafés, hôtels, restaurants) sont conditionnés dans des contenants réemployables.
La Brasserie de l’Odon (Normandie) :
Cette brasserie valorise les circuits courts et utilise des ingrédients locaux pour réduire son empreinte carbone. Elle produit également des bières bio, renforçant son engagement écologique. Elle participe aussi au retour de la consigne pour les bouteilles, un geste fort en faveur de la durabilité.
Brasserie Castelain (Nord) :
Connue pour sa bière Ch’ti, cette brasserie a adopté un système de récupération de la chaleur pour limiter sa consommation d’énergie. Elle travaille également à minimiser ses déchets et à maximiser le recyclage de ses eaux usées.

Les responsables environnementaux des brasseries soulignent souvent les défis liés au coût initial des technologies vertes, mais mettent en avant les bénéfices à long terme : réduction des dépenses énergétiques, fidélisation des clients et renforcement de la réputation. Par exemple, la directrice RSE de Sierra Nevada Brewing Co. affirme que les innovations durables ont doublé leur rendement énergétique tout en consolidant leur position comme leader écologique de l’industrie.

Ces exemples et témoignages démontrent que les initiatives écologiques dans l’industrie de la bière sont à la fois une nécessité et une opportunité. La collaboration, l’innovation et la transparence jouent un rôle clé dans cette transition. En s’inspirant des innovations vertes, les brasseries assurent leur avenir tout en répondant aux attentes des consommateurs soucieux de l’environnement.

En somme, la transition vers des pratiques durables dans l’industrie de la bière n’est plus une option mais une nécessité. Les efforts déployés par les brasseries aujourd’hui jouent un rôle essentiel dans la construction d’un avenir respectueux de l’environnement.