La bière et l’Eglise

Depuis le moyen âge l'Eglise entretien une relation toute particulière avec la bière qui perdure toujours.
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L’Eglise et la bière jouissent d’une histoire commune, l’amélioration des techniques de brassage et la transmission de ces techniques a ainsi été permise par les moines. En effet, au Moyen-Âge ceux ci sont les seuls à savoir lire et comprendre les écrits relatant le brassage de la bière. La boisson connaissant un succès populaire les paroisses se saisissent de l’occasion et appliquent les techniques ancestrales de brassage pour produire leur propre bière. Les moines produisent alors de quoi satisfaire leur consommation personnelle, en évitant les désagréments d’une eau souvent contaminée à l’époque, grâce à la fermentation. De plus l’abbaye s’en sert pour attirer les pèlerins avec une boisson populaire et devient même un point de vente de bière ce qui génère donc une source de revenus pour la paroisse. Les moines brassent alors différents types de bière selon son usage comme dans l’abbaye de Saint Gall en Suisse qui dispose dès le VIIIè siècle de trois bières différente selon la noblesse du consommateur.

Au delà de sa popularisation, la bière doit aussi aux moines quelques innovations déterminantes pour l’amélioration des techniques de brassage. Ainsi les moines sont les premiers à utiliser le houblon au cours du brassage pour ses propriétés de conservation. Des champs de houblons sont ainsi cultivés dès le VIIIè siècle par les moines pour subvenir eux mêmes à leurs besoins et ce n’est que par la suite que sera fait le lien entre l’amertume de la bière et le houblon. Au rayon des innovations ce sont aussi les moines qui découvrirent la fermentation basse pour permettre la production de bière malgré l’augmentation des températures durant l’été. La fermentation s’effectuait alors dans des endroits au frais ce qui modifiait le processus d’action des levures. Ces bières à fermentation basse sont aujourd’hui communément appelée “Lager” et assimilées aux techniques allemandes. 

Cependant ces bières monastiques ont souffert de la concurrence de l’essor des brasseurs artisanaux puis de l’émergence d’une industrie de la bière. Pour protéger leur art et éviter les appellations mensongères les moines s’organisent dès les années 30 pour constituer un label de bière trappiste produites dans les abbayes par ou sous contrôle des moines. Aujourd’hui seulement 11 brasseries arborent le label Authentic Trappist Product créé en 1997 à la suite de jugements condamnant une concurrence déloyale faisant référence au savoir faire des moines. Sur ces 11 brasseries, 6 se trouvent en Belgique, 2 aux Pays-Bas, une en Autriche, une aux Etats-Unis, et une en Italie. La seule bière française qui aurait pu bénéficier de l’appellation est brassée en Belgique et ne correspond pas aux critères de labellisation. Les bières d’abbaye comme Leffe ou Affligem ne sont elles, pas reconnues comme trappiste et résultent simplement d’une fermentation haute. La bière et l’Eglise disposent donc d’une histoire riche qui, en fil rouge a suivi l’évolution de la bière au cours du temps.

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